0 avis
Office des morts / Patrick Kéchichian
Article
En forçant un peu les choses, on peut dire que ce livre nous tombe du ciel, un ciel ancien, strié d'éclats mortels. Le poète qui le signe, Patrick Quillier, ne se montre pas, ou de très loin : on ne distingue pas son visage et sa voix, dans ces quatre cents pages, se perd volontairement au milieu de beaucoup d'autres voix ... Mais c'est bien lui qui les a recueillies, portées et composées, ces autres voix. Il les a orchestrées. Il a mis en poèmes ce qui était indistinct, inaudible, éclaté. Certes, l'ouvrage est de circonstance, puisque nous célébrons cette année le centième anniversaire de la fin de la Grande Guerre. Ces voix, ce sont celles des morts, de quelques-uns des morts, de cette guerre terrible qui fit entrer, par un corridor de larmes, de boue et de sang, l'Europe et le monde dans un siècle nouveau. De fait, depuis plusieurs années, de nombreux livres contenant des écrits de soldats ou de leurs familles ont été publiés. Grâce à ces récits, la vie - la mort surtout - des tranchées devint plus concrète, palpable. Mais il y avait encore une étape à franchir, qui n'allait pas de soi: cette orchestration dont je parlais. Un office où les morts seraient enfin rendus à la parole.
Voir le numéro de la revue «Revue des deux mondes, 3796, 01/09/2018»
Autres articles du numéro «Revue des deux mondes»