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Livre
Les élus : roman / Steve Sem-Sandberg
Edité par Robert Laffont. Paris - 2016
" Maintenant, Julius a les ciseaux. Pourtant la douleur est toujours là. Schwester Mutsch aussi est toujours là. Elle se penche vers lui et lui crache à la figure, puis elle étale la salive sur les lèvres et les paupières fermées du garçon. Espèce d'ordure. Tu n'as aucun droit de vivre. Soit on t'enferme chez les fous, soit le docteur te fait une piqûre. Et voilà que la paire de ciseaux ne se trouve plus dans sa main. Elle flotte dans la lumière bleutée, au milieu des lits et des tables de chevet. Alors il brandit haut l'instrument et l'enfonce dans sa poitrine. Enfin, le silence se fait. Même la lumière bleutée semble s'être éteinte. Puis elle revient. Et avec elle l'insoutenable douleur. " En 1941, à Vienne, l'hôpital du Spiegelgrund a été transformé par les nazis en un centre pour enfants handicapés et jeunes délinquants. Jour après jour, Adrian, Hannes et Julius, pensionnaires de la maison de redressement, tentent d'exorciser l'horreur. Dans un époustouflant ballet de voix tour à tour intérieures et extérieures, ils racontent l'enfer qu'ils vivent et la mort qui les guette au pavillon 15, où l'on extermine les " indésirables ". " Un brillant travail d'écriture, dont l'intensité et la profondeur vous rentrent dans la peau et ne quittent plus vos pensées. " Frankfurter Allgemeine Zeitung
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LES ELUS - Steeve SEM SANDBERG
Cela commence comme la chronique familiale du jeune Adrian ZEIGLER, indiscipliné et dont le père alcoolique et violent induit un climat familial peu favorable à une éducation saine ; si son jeune frère Helmut, est adopté par une famille, lui va se retrouver dans un centre pour jeunes délinquants, la mère étant la seule à faire vivre un foyer où les naissances sont trop nombreuses. Puis peu à peu apparaît le véritable sujet : le projet d'euthanasie instauré sous le régime nazi, projet visant à exterminer les adolescents à problèmes et les enfants très lourdement handicapés – maladies neurologiques graves ou malformations génétiques sévères - dans le but de créer une "race parfaite" exempte de toute déficience. C’est l’hôpital du Spiegelgrund qui est réquisitionné à cet effet et le personnel à quelques exceptions près, non formé et surtout malveillant. Les examens inutiles et douloureux se succèdent, les parents sont tenus à distance une fois qu’ils ont confié leur enfant, le décès leur est annoncé bien après la date pour ne pas qu’ils puissent venir rendre visite à leur enfant dans les derniers instants et se rendre compte de leur dégradation rapide au sein de l’établissement. « L’avènement du national socialisme a induit une réorganisation générale du secteur hospitalier… Le soin médical était considéré comme un acte de charité exercé par les ordres religieux et les institutions cléricales, la médecine d’aujourd’hui doit se bâtir sur les objectifs établis par nos lois sur l’hérédité et l’hygiène raciale (p.479). Un récit qui s'inspire du témoignage des survivants et qui se lit comme un roman. De la mise en place du projet jusqu'au procès qui aura lieu après la guerre, les évènements et les voix se succèdent pour décrire du point de vue de chacun des intervenants cette période méconnue. Prix August-Strindberg en Suède, prix Transfuge en France pour le meilleur livre poche étranger en 2015.
Christiane - Le 19 novembre 2021 à 21:13